GRUNDIG STUDIO RPC 50
Type : Chaine intégrée (amplificateur, tuner, platine disque, platine casette)
Modèle : Studio RPC 50
Année : 1978-1980
Amplificateur et préamplificateur
Puissance : 2x25 Watt sous 4 ohms.
Correcteurs : grave, aigu, volume, balance, RIAA (pour la platine disque)
Sélecteurs : Mono, Platine disque ou cassette, entrée TA/TB, FM, PO, GO.
Entrées : antenne FM/AM, entrée microphone en face avant, entrée TA/TB en face arrière (l'entrée TA peut être assimilée à une entrée Auxiliaire).
Sorties : 2 prises haut-parleurs (DIN).
Tuner
Gammes : FM (88 à 108MHz), PO (MW), GO (LW).
Platine disque
Modèle : Garrard GT12 automatique, 33 et 45 tours.
La platine était livrée avec une cellule Shure M75 (quand même !).
Platine Cassette
Modèle : CBS50.
Généralités
Cet ensemble intégré Grundig Studio RPC 50 est un équipement audio HiFi d'entrée de gamme qui permet à l'utilisateur de disposer d'une platine disque, d'une platine cassette, d'un tuner et d'un amplificateur dans un volume assez restreint.
Le côté "entrée de gamme" vient de ses capacités réduite en matière de connectivité (quasiment rien) et de fonctionnalités (par exemple, pas de stations pré-réglées sur le tuner). Mais surtout, la platine Garrard GT12 d'origine anglaise est assez bas de gamme. Certes, "elle en jette" mais l'essentiel (châssis compris) est en plastique et elle est assez bruyante. On dispose quand même d'un entrainement par courroie, d'un beau moteur synchrone, d'un plateau en aluminium avec une contre-plaque en acier pour ajouter du poids et renforcer le plateau qui est assez fin. C'est quand même un peu mieux que ce que l'on peut trouver dans les années 2020 en grande-surface après le retour de la mode des disques vinyle.
Apparemment, Grundig n'a pas trop fait la promotion de ce modèle. On le trouve dans une revue de la marque de 1978 avec une description pour le moins laconique. En 2025, je n'ai pas pu trouver un manuel utilisateur sur le net. Par contre, on trouve facilement le manuel de service.
ÉTAT GÉNÉRAL
Lorsque je l’ai récupéré, l’ensemble était dans un état assez calamiteux, avec des problèmes mécaniques un peu partout : platine, clavier, boutons difficiles à tourner, condensateur variable bloqué, courroies de magnétophones en décomposition, etc. Je reprends tous ces points dans les chapitre qui suivent.
Note : certaines photos ont été prises avant le nettoyage et la remise en état. Normalement, vous devriez pouvoir faire la différence.
DÉMONTAGE
Le démontage est assez simple et est expliqué dans le manuel de service [Archive].
Il faut commencer par retirer le capot transparent puis la platine en insérant un tournevis entre le capot de la platine et le boitier de l’appareil (côté bras) afin de repousser une languette ressort. On peut ensuite pousser la platine vers la droite en la levant légèrement.
Il n’y a que deux connexions électriques à retirer et elles sont sur connecteur :
- Celle qui alimente le moteur de la platine (secteur).
- Celle qui transmet le signal de la cellule au préamplificateur.
Le capot en plastique est fixé sur le châssis en métal via des vis marquées par un cercle. Il n’y a pas de mauvaises surprises.
La face avant est fixée par des vis au châssis. Il n’y a pas de mauvaises surprise non plus.
Toutes les circuits imprimés (sauf celui du transformateur) sont fixés sur le châssis en métal par des vis et des languettes métalliques coudées qu’il faut remettre droites (avec une pince à bec par exemple).
Le transformateur est fixé au châssis par 4 écrous. Il vous faudra une clé à pipe très fine pour les défaire. Sinon, utilisez une clé plate (à la verticale, ce n’est pas très catholique mais ça fonctionne, c’est comme ça que j’ai fait) ou une pince.
La conception interne de l’appareil est très bien faite. Toutes les circuits imprimés sont reliés par des nappes ou des câbles sur connecteur. On peut donc les démonter sans difficulté. On est loin des Philips et de ses torons de câbles mal fichus.
Le magnétophone est monté sur une plaque en métal fixé au châssis par des vis. Retirez le pour accéder au magnétophone que vous pourrez aussi retirer de cette plaque (fixation par des vis).
Retirez tous les boutons associés aux potentiomètres et à la recherche des stations.
Ci-après, une photo des différents sous-ensembles une fois démontés.
RÉVISIONS ET RÉPARATIONS
Alimentation
La première chose à vérifier histoire de ne pas perdre trop de temps est l’alimentation. Comme tout est déconnectable, j’ai donc vérifié les tensions à vide du transformateur ainsi que le bon fonctionnement du bouton marche arrêt.
Je n’ai rien eu à faire sur cette partie que j’ai donc remontée.
J’ai ensuite testé le redressement et le filtrage ce qui implique l’alimentation de la carte d’amplification. À la mise sous tension, l’amplificateur n’a pas fumé et les tensions continues étaient correctes.
Par contre, la capacité de filtrage (4700µF, 35V) présentait un gonflement inquiétant et j’ai décidé de le changer, ainsi que les condensateurs de sortie (2200µF 35V).
Si vous devez faire cette opération, il vous faudra mettre des condensateurs snap-in de hauteur maximum de 30 à 35mm. Plus haut, les condensateurs entreront en contact avec le mécanisme de la platine.
Un mot sur l'interrupteur marche-arrêt général : la mise sous-tension de l'appareil se fait en appuyant sur une des touches du clavier qui commande une des fonctions (tuner, platines, etc.). Le bouton AUS coupe l'alimentation générale. L'interrupteur marche-arrêt se trouve près du transformateur et est commandé par le clavier via un fil :
- Marche : l'axe de l'interrupteur est enfoncé.
- Arrêt : l'axe de l'interrupteur est sorti.
- Un ressort de rappel assez puissant tend à ramener l'axe en position "Marche".
Lorsqu'on met l'appareil sous-tension, le fil est détendu, l'axe entre dans l'interrupteur et provoque la mise sous-tension.
Lorsqu'on appuie sur le bouton AUS, le fil est tendu et fait sortir l'axe de l'interrupteur ce qui coupe l'alimentation générale.
Si le fil s'est trop détendu, il n'est plus possible de mettre l'appareil hors-tension (c'est un peu stupide, voire, dangereux si le fil casse, mais c'est comme ça).
Retendre le fil est une opération malaisée. Ce que je vous conseille est de mettre une petite rondelle et de faire un ou plusieurs tours de fils dans cette rondelle pour diminuer la longueur du fil. Dans mon cas, un tour a suffi).
Amplificateur
Comme on l’a vu, l’amplificateur comporte donc le redressement et le filtrage de l’alimentation basse-tension.
Il n’y a rien à dire de particulier sur la partie amplification elle-même à part qu’il s’agit d’un amplificateur à transistor alimenté en tension non symétrique ce qui explique la présence des condensateurs de sortie.
Pour le reste, il comporte tout un tas de connecteurs qui le connecte à la carte préamplificatrice (qui comporte aussi les correcteurs, les sélecteurs et le tuner) ainsi que les prises haut-parleurs et antennes.
La bonne nouvelle à ce stade est que l’amplificateur fonctionnait.
Son brouillé
L’appareil fonctionnait mais je trouvais le son brouillé dans les aigus. J’ai fait quelques mesures à l’oscilloscope qui n’ont pas montré une déformation anormale des signaux de références que je lui envoyais (sauf sur les signaux carrés mais là, je ne m’attendais pas à des miracles).
Par contre, sur une voie, j’ai constaté une déformation due à une distorsion de croisement.
Le manuel de service indique la procédure à suivre pour régler la polarisation : mesure de la tension entre le point A et B (voir schéma) et réglage avec l’ajustable pour obtenir 12mV.
Sur une voie, la mesure donnait 1,2mv et sur l’autre 2mV. Je me suis alors souvenu qu’en démontant la carte d’amplification, j’avais vu des traces qui pouvait signaler une intervention antérieure (ressoudage des prises d’antenne).
J’ai donc réglé le courant de repos comme indiqué sur la documentation et le son a été nettement amélioré (mes écoutes se font à basse puissance. Lorsque je veux tester avec de la puissance, je mets des résistances (ou sinon, un casque antibruit !).
Cette opération a considérablement amélioré la restitution… Mais je n’étais pas tout à fait satisfait. J’ai soupçonné mes enceintes de tests que j’utilise depuis… très longtemps. Je les ai remplacés par des enceintes HiFi et là, le son était très bon. Quant à mes enceintes de test, elles sont parties à la déchèterie.
Préamplificateur et tuner
Le circuit imprimé accolé à la face avant comporte le préamplificateur (dont le préamplificateur RIAA pour la platine disque), les sélecteurs, les contrôles du son (boutons de volume, balance, graves, aigus) et le tuner de belle facture.
Les potentiomètres étaient grippés. Un peu de dégrippant leur ont permis de retrouver leur fonctionnement normal. J’ai finalisé le nettoyage avec de la bombe KF sur leurs pistes.
La mécanique des sélecteur était pleine d’un lubrifiant d’origine douteuse que j’ai nettoyé (pas très accessible). Ce sélecteur est un modèle dédié à l’appareil. Il comporte un bouton indépendant (mono-stéréo), les autres boutons sélectionnant les différentes fonctions. Le fait d’appuyer sur un de ces boutons met l’appareil en marche. Un bouton d’arrêt dédié permet d’éteindre l’appareil. J'ai fini par tout démonter pour nettoyer et tenter de régler un problème au niveau du bouton mono-stéréo (problème partiellement réglé).
Le démontage de cette partie est assez pénible :
- Il faut retirer deux poulies qui permettent de déplacer l'aiguille et le condensateur variable. Une est vissée sur une plaque métallique (côté droit de la carte). Celle du condensateur variable est juste enfoncée à force. Conseil, mettez du scotch pour que les fils ne sortent pas des poulies. Ca vous évitera bien des problèmes au remontage.
- Il y a deux vis qui tiennent la parte en plastique noir. Une se trouve sur le côté (voir photo), une autre se trouve sous la carte.
- Il faut dessouder les fils de la diode d'indication stéréo et les fils de l'éclairage du cadran. Au remontage, j'ai mis des connecteurs pour faciliter un éventuel démontage ultérieur.
- Il faut retirer le fil qui sert à actionner le bouton marche-arrêt.
- On tire ensuite la partie noire en plastique qui comporte le clavier.
- Le clavier lui-même comporte une partie supérieure clipsée qu'il faut retirer si l'on veut nettoyer le mécanisme. Attention, c'est assez fragile (les clips comme la partie supérieure).
Le condensateur variable était complètement bloqué par la graisse ou l’huile séchée. J’ai été obligé de chauffer l’axe pour ramollir la graisse puis je l’ai rehuilé et tout est rentré dans l’ordre.
Au premier essai, j’ai eu la bonne surprise de constater que le tuner fonctionnait.
Recapage
L’opération dite de « recapage » consiste à changer les condensateurs chimiques d’un équipement. C’est une pratique courante lors des restaurations d’appareils anciens (disons, plus de 50 ans) mais qui est controversée et qui n’est pas sans risques :
- Les condensateurs chimiques sont certes une plaie en électronique mais certains tiennent très bien dans le temps.
- Changer un composant sur des circuits imprimés fragiles (cas de beaucoup d’appareils « grand public ») peut décoller les pistes du circuit.
- Changer des composants au « petit bonheur » peut créer des pannes (inversion de polarité, court-circuit, etc.).
Alors, que faire ?
Lorsqu’un condensateur est à changer, il faut s’interroger sur les autres. Et si le démontage est pénible, alors, dans ce cas, je les change tous. Mais dans le cas présent, le démontage est plutôt simple. Le critère n’est donc pas applicable.
Par contre, j'avais dû changer le condensateur de filtrage de l'alimentation. Je me suis donc posé la question pour le préamplificateur. Certes, l’appareil fonctionnait mais le son ne me semblait pas optimum. J’ai donc dessoudé quelques condensateurs chimiques ayant une influence potentielle sur la qualité du son et je les ai changés. Néanmoins, les caractéristiques mesurées des condensateurs d’origine ne montraient pas des caractéristiques dramatiques : des ESR peut-être un poil élevé pour certains mais pas pire que certains condensateurs neufs, des valeurs de capacité parfois folklorique (par excès, pas bon) mais l’appareil aurait probablement pu fonctionner encore de nombreuses années sans problème. Et d’ailleurs, je n’ai pas constaté d’amélioration du son.
Toutefois, si vous démontez le clavier, changez C119 et C121 car une fois le clavier remis, ils sont difficilement accessibles. De plus, il s’agit de condensateurs Frako et je n’ai pas un bon « feeling » avec cette marque !
Une autre chose m’avait perturbé et pouvait justifier un changement de condensateur : C111 est marqué 16V alors que la tension à ses bornes, selon le plan, est de 18,4V. Vérification faite, le plan est faux : sur l’appareil, la tension de service de ce condensateur est de 25V. Mais je l’ai quand même changé (encore un Frako).
La platine disque
Plateau retiré (3 vis)
Je m’attendais à des blocages de tous genre à cause de la graisse séchée. En fait, il n’y a de la graisse que sur certaines pièces en friction et une lubrification sur les axes et les roulements.
J’ai nettoyé l’ensemble en démontant certaines pièces puis j’ai rehuilé et regraissé ce qui avait besoin de l’être. Ce qu'il faut démonter pour accéder aux roulements et faire un nettoyage et une lubrification efficace :
- Déclipsez le contre-plateau en plastique noir sur la face supérieure de la platine et retirez le.
- Dévissez la vis (1) afin de pouvoir déplacer la came en plastique.
- Dévissez la vis 2 pour libérer l'axe de la poulie (4). Retirez cette axe par le trou libéré par le retrait de (2). Puis retirez la poulie (4) ce qui libère la courroie.
- Le remontage se fait en sens inverse.
Le contrepoids était bloqué sur son axe. J’ai été obligé de forcer pour le faire sortir. J’ai ensuite nettoyé la partie du bras sur lequel il s’insère et j’ai enfin pu faire les réglages de la force d’appui.
J’ai également lubrifié les boutons sur glissières.
Le dispositif qui permet d’abaisser le bras fonctionnait à peu près. Par contre, une bande en caoutchouc (ou quelque chose d’équivalent) sur lequel le bras appuie était complètement décomposé. J’ai retiré ce que j’ai pu et j’ai remplacé ce matériau par une feutrine que j’ai inséré à force dans le logement où il y avait cette bande de caoutchouc.
Lorsque le plateau tourne, il y a un léger bruit de frottement. La faute vient en partie au mécanisme qui assure l’automatisme du bras : le plateau est entrainé par une courroie. Lui-même entraine en permanence une poulie crantée avec une autre courroie. C’est une première cause de bruit.
La construction même du système de rotation génère des frottements et du bruit. On ne peut pas faire grand-chose sui ce n’est de lubrifier les roulements en fond d’axe du bras et l’extrémité de l’axe près du plateau qui qui frotte contre une bague en bronze ou peut-être en laiton.
Au moteur et à quelques autres pièces près, tout est en plastique, y compris tout ou partie du bras et les paliers. C’est assez pathétique. Cette platine est à peine mieux que celle d’un électrophone.
C’est de mon point de vue la partie la plus décevante de l’appareil. J’aurais préféré la platine Dual qu’on trouve assez souvent sur ces appareils allemands, même si je ne suis pas un grand fan de cette marque.
La platine cassette
La construction est de bonne facture. Mais comme toutes les platines cassette, c’est une mécanique infernale.
Pour accéder à la mécanique, il vous faudra retirer le circuit imprimé qui est fixé par des languettes métalliques coudés (voir infra). Comme pour le reste, tout ce qui doit relie l’électronique dans la mécanique (têtes magnétiques, régulation de la vitesse du moteur…) et le circuit imprimé du magnétophone utilise des connecteurs. Il n’y a pas de mauvaises surprises.
Par chance, les courroies qui s’étaient décomposée ne s’étaient pas (encore) répandues dans la mécanique : elles étaient juste collées sur leurs poulies et pendaient en l’air. Il a fallu les changer toutes.
J’ai procédé à un dégraissage complet de la mécanique à l’essence, puis un huilage (axes) et un graissage avec de la graisses silicones ou de la graisse PTFE pour les pièces en frictions.
J'ai aussi changé quelques condensateurs chimiques (aluminium) qui me semblaient douteux par expérience. Bonne surprise, la plupart étaient certes, plus en très bonne forme mais pas non plus complètement hors-services. Tous avait un VLoss assez élevé (parfois 5%) mais un ESR généralement encore acceptable. Il y a aussi un paquet de condensateurs chimique tantale. Là, c'est un peu la loterie : s'il s'agit d'une tès bonne fabrication vous avez de la chance, ils continuent à être utilisables. Sinon, vous êtes bons pour tous les changer.
Avant remplacement des condensateurs
Habillage
Le fond est en métal (aluminium). Il était en bon état.
Le capot est en plastique peint. Il y avait pas mal de gros défauts. Je me tâte pour le repeindre sachant que du coup, il y aura une différence de teinte avec les parties que je ne peux pas repeindre (la face avant qui est sérigraphiée et le socle de la platine).
RESTAURATION TOUJOURS EN COURS
CONCLUSION
Cette chaîne est plus compacte que beaucoup de celles du même genre qu’on trouvait à cette époque. Elle propose une puissance raisonnable (2x25W) et bénéficie d’une fabrication sérieuse du point de vue électronique.
Par contre, sa conception est plutôt ancienne par rapport à ce qui se faisait dans les années 1978 chez Grundig. L’amplificateur est à alimentation non-symétrique avec sortie via des condensateurs, le tuner utilise certes un beau condensateur variable mais ailleurs, on utilisait déjà des accords électronique à diode varicap ce qui facilite la mise en place d’un système de mémorisation des stations. C'est d'ailleurs ce que l'on trouve sur le modèle RPC350 dont l'encombrement semble similaire mais qui dispose d'une conception beaucoup plus moderne.
Visiblement, Grundig n’a pas fait une grande promotion de ce produit. En septembre 2025, je n’avais trouvé ni manuel utilisateur, ni caractéristiques techniques et je ne l’ai vu cité qu'une fois dans les revues Grundig de l’époque.
À l’usage et une fois les réglages refaits, cette chaine a un son très correct et une sensibilité FM très correcte.
septembre 2025