Mouvement électromécanique japonais d'horloge à balancier
Cette page concerne la révision et la réparation d'un mouvement électromécanique japonais d'horloge à balancier sans marque. Il s'agit d'une curiosité.
Mouvement non nettoyé
INTRODUCTION
Mon horloger m'a prêté ce mouvement non-fonctionnel pour que je puisse m'amuser à le réparer éventuellement. Ce mouvement alimenté par une pile de 1,5V actionne une horloge à balancier avec sonnerie par marteau. Le mouvement est à ce stade de marque inconnue mais il est fabriqué au Japon.
PREMIERES OBSERVATIONS
Note : la plupart des photos qui suivent ont été prises avant nettoyage du mouvement.
A première vue, j'étais un peu perplexe. Il y avait un moteur qui semblait actionner des marteaux mais je ne voyais pas ce qui actionnait le mouvement de l'horloge. Puis j'ai remarqué qu'il y avait une sorte de barillet en plastique dans lequel pouvait se trouver un ressort. Mais comment était remonté ce ressort ?
Et bien par le moteur lorsque celui-ci actionne la sonnerie. Quelques explications sur le fonctionnement de la sonnerie ci-après.
Ceux qui connaissent les mouvements de Paris ou les horloges Westminster ne devraient pas être trop perdus. J'espère que mes explications permettront aux autres de comprendre. Le principe général est le suivant :
Un râteau est fixé sur un axe et peut monter ou descendre. Un ressort de rappel tend à le faire descendre.
On suppose tout d'abord que le couteau se trouve sous le râteau (comme sur la photo).
- Un limaçon est fixé sur l'axe des heures.
- Un disque A formant un double limaçon est fixé sur l'axe des minutes. Un palpeur associé au couteau suit le contour de ce limaçon (non visible sur la photo).
- Supposons que l'aiguille des minutes marque la demi (6).
- Le disque A comporte deux creux, un pour les demi-heures, l'autre pour les heures. Lorsque l'aiguille des minutes est sur 6, le palpeur va tomber dans le creux correspondant et dégager le couteau de quelques millimètres.
- Le râteau va donc tomber mais va s'arrêter lorsque sa première dent va se trouver bloquée par le couteau.
- Le fait de dégager le couteau actionne le levier de contact ce qui permet d'alimenter le moteur :
- Le fil rouge est relié au plus de la pile et au plus du moteur. Le fil noir est relié au contact et au moins du moteur. Le moins de la pile est reliée au corps du mouvement qui est en métal.
- Lorsque le levier de contact, en métal, fixé au corps du mouvement, touche la lamelle de contact, le moins de la pile est connecté au moteur qui se met à tourner.
- Le levier de contact est associé au couteau. C'est la position du couteau qui détermine si le moteur est alimenté ou pas. Lorsque le couteau est au repos (sous le râteau), il abaisse le levier de contact et le moteur n'est pas alimenté. Lorsqu'il dégage le râteau, le contact est établi et le moteur tourne.
- Le moteur va faire tourner la virgule.
- A chaque tour de la virgule, le râteau monte d'un cran.
- Une roue associée à la virgule actionne un levier qui actionne les marteaux (un coup de sonnerie).
- Comme le couteau était au niveau de la première dent du râteau, lorsque celui-ci va monter sous l'action de la virgule, le couteau va se placer sous le râteau (position repos) ce qui va couper l'alimentation du moteur.
- Supposons maintenant que l'aiguille des minutes marque l'heure (12).
- A la différence de la sonnerie de demi-heure, le couteau va se déplacer plus loin que la première dent du râteau. Le râteau va tomber jusqu'à ce que son palpeur atteigne le limaçon des heures ce qui détermine le nombre de dents du râteau qui pourront être actionnées par la virgule et donc, le nombre de coups de la sonnerie.
- Le principe est alors le même que pour la demi-heure sauf qu'il va se répéter autant de fois qu'il y a de dents pouvant être happées par la virgule.
- De son côté, le couteau bloque les dents du râteau à chaque fois que la virgule sort d'une dent du râteau afin d'éviter que ce dernier ne retombe.
- Une fois qu'il n'y a plus de dents à bloquer, le couteau passe sous le râteau (position repos) ce qui coupe l'alimentation du moteur.
Mais alors que le moteur tourne, il entraine aussi une série de roues qui vont remonter le ressort d'un barillet qui actionne le mouvement (qui est donc complètement mécanique). Un système de patinage permet d'éviter de forcer sur le ressort du barillet lorsque celui-ci est suffisamment remonté.
AUTRES ASPECTS
Le reste du mouvement appelle peu de commentaires. Il est régulé par un balancier et donne l'heure et les minutes. La force motrice est donnée par le barillet dont le ressort est remonté plus ou moins partiellement toutes les demi-heures.
Pour le remontage initial, peut-être y avait-il un levier fixé sur une partie absent du boitier pour forcer le démarrage du moteur. Ou peut-être suffit-il de mettre l'horloge à, disons, 12H00 pour un premier remontage.
Sinon, il manquait la lentille du balancier. J'ai mis un poids (assez léger, une pièce en laiton) pour les tests.
Quelques vues du mouvement sous différents angles.
Le gros bloc blanc est le barillet.
Le gros bloc blanc est le barillet.Les engrenages en nylon (je pense) servent à actionner la sonnerie et à remonter le barillet.
RÉPARATIONS
Une première panne concernait le contact qui était sale (mais pas charbonné). Un coup de bombe pour le rétablissement des contacts a suffi pour que tout rentre dans l'ordre.
Le mouvement était apparemment assez propre mais en réalité, il y avait pas mal de cochonneries sur certains axes. Je l'ai donc partiellement démonté pour le nettoyer. Malheureusement, j'ai constaté que le point de pivotement de la roue qui donne l'énergie à la roue d'échappement était très déformé ce qui fait que cette roue se mettait en travers. Le mouvement marchottait quand même mais "sans enthousiasme". Il faudrait bouchonner mais sur ce mécanisme très léger et dont les parois sont très peu épaisses, je ne sais pas si c'est faisable.
CONSOMMATION
Le moteur consomme entre 75mA et 80mA (disons 80mA). Il est actif environ 2 secondes lorsqu'il sonne la demi-heure et environ 1 seconde pour chaque coup d'heure sonné sauf le premier coup où on admet qu'il est actif 2 secondes. Le moteur est donc actif 206 secondes par jours. Avec une pile LR20 de 1500mA.h (ce qui est faible en 2025), le moteur peut tourner 1500/80 = 18,75 heures soit 67500 secondes. A raison de 206 secondes par jours, l'autonomie de la pendule est de l'ordre de 327 jours.
Juin 2025